jeudi 30 avril 2009

L' île mystérieuse



1973

Titre original : La isla misteriosa
Titre francophone : L' île mystérieuse
alias : Jules Verne's Mysterious Island of Captain Nemo

Cinéaste : Juan Antonio Bardem - Henri Colpi
Comédiens : Omar Sharif - Ambroise Bia - Jess Hahn - Philippe Nicaud - Gabriele Tinti - Rik Battaglia

Vu en dvd


Découvert à la télévision quand j'estois un petit d'homme, tout juste bon à m'écorcher les genoux et à me curer le nez à plein doigt, le film passait alors en épisodes. J'avais le souvenir de l'attente insoutenable entre les épisodes, la joie de retrouver ces personnages incarnés par des comédiens sympathiques. Certains d'entre eux avaient des têtes qui revenaient souvent sur le petit écran, tels Jess Hann (le pote de Bébel dans Cartouche), Philippe Nicaud (le dragueur de Mireille Darc dans Pouic Pouic, mort il y a quelques jours, c'est d'ailleurs sa nécro qui m'a incité à revoir ce film), Gabriele Tinti (le bellâtre de La folie des grandeurs) et Omar Sharif (le ripoux grec du Casse, ben oui, quand j'étais môme le Dr Jivago, je m'en cognais gravement).

L'enfant qui sommeille en moi ne tarde jamais à ramener sa fraise, tagada notamment. J'avais envie de ré-entendre la voix de Philippe Nicaud, de retrouver sa bouille à dandy, ses allures de Cary Grant franchouillard (c'est raté pour l'occase, la robinsonnade lui collant le menton poilu), son élégance, son regard volontiers narquois.

De même que j'avais hâte de réentendre le tonnerre qui sert de voix à Jess Hann, avec son incroyable accent américain dont il ne se déparera jamais.

Pour ces deux là, la vision de l'île mystérieuse est déjà un grand plaisir qui se renouvelle aujourd'hui sans faiblesse aucune, nickel!

Et puis, je me suis rappelé le même plaisir dépaysant et exotique que la version américaine d'Endfield apporte également d'une autre manière cependant. Chez Endfield, les monstres d'Harryhausen et les peintures jouaient sur les effets visuels. Ici, c'est un tableau plus proche de Verne, les descriptions naturalistes, une invitation au voyage plus réaliste, proche des véritables paysages volcaniques, de jungle et des bords de mer ravagés par le fracas des vagues sur les récifs saillants.

Je me souviens surtout de ce que l'adjectif "mystérieux" évoque. Bien nommée cette île cachait le secret de Némo et longtemps le jeune enfant que j'estois cherchait une explication sur ces gens bizarres, leurs accoutrements excentriques. Leurs antennes à visage métallique avaient de quoi faire peur et rêver à la fois le marmot.

Et aujourd'hui, avec un sourire en plus, une pincée de nostalgie, mon regard sur ce film est plein de remerciements.

Un film chaleureux, doux, exotique, plein d'aventures, de mystères et de pirates, parfait pour les mômes.

Je vais bien, ne t'en fais pas



2006

Cinéaste : Philippe Lioret
Comédiens : Kad Merad - Mélanie Laurent - Isabelle Renauld - Julien Boisselier - Aïssa Maïga

Notice Imdb

Vu à la TV

Ce n'est simplement pas ma tasse de thé. Cette histoire n'a jamais suscité en moi quelque chose d'émouvant, ni d'intéressant. J'ai suivi tout cela gentiment. Et à la fin, je ne suis posé pas mal de questions sur la volonté du romancier et du scénariste-réalisateur. Que nous raconte-t-on? S'agit-il de faire chialer dans les chaumières? Ou bien de faire la démonstration, une fois de plus, que les non-dits au sein d'une famille ont des effets bien plus destructeurs que ceux que le mensonge est censé écarter? J'ai fini par considérer le film sur cette dernière proposition. On voit bien comment la famille, quand elle est construite sur des modes communicatifs proches du néant, produit des conflits dévastateurs et empêche les individus de s'épanouir en acceptant la mort, le silence, l'absence, le réel et sa cruauté. Comme le dit un personnage : "Vous êtes fous". Oui, cette famille est particulièrement timbrée et Lioret nous le fait découvrir la plupart du temps avec lenteur, dans une sorte de traitement naturaliste efficace et maîtrisé, mais parfois également avec de grosses ficelles. Certaines scènes sont gênantes, mal écrites. Je songe là notamment à cette scène climax dans la cuisine, mal jouée, mal écrite, jonchée de comportements et d'acting clichés. Je pense aussi à la manière dont est décrit le milieu psychiatrique, son incommunicabilité érigée en dogme médical, la violence sourde, l'omnipotence du personnel et de la prise en charge. Ou bien encore le portrait encore plus grotesque du directeur du Shopy, à force de souligner à gros traits sa beaufitude, son racisme et son inculture, l'on finit par ne plus y croire. C'est beaucoup trop gras. Tâche. Encore cliché. Dommage.

Une grande première partie du film offre une mise en scène parcimonieuse dans ses effets. Très sobre, sans être austère pour autant, elle est tenue avec pudeur et sensibilité. L'histoire d'amour est bien écrite.

Les acteurs d'ailleurs sont dans l'ensemble convaincants. Je ne connaissais pas Mélanie Laurent, je l'ai trouvée très simple et juste. Julien Boisselier confirme tout le bien que je pensais de lui. Sobre, délicat. Kad Merad lui, m'a déçu. Je crois que c'est le seul rôle dramatique marquant que lui vois endosser et je n'y ai pas beaucoup cru. Quelque chose dans la voix m'a fait butter. Je n'y arrive pas.

Après avoir vu ce film, je comprends le fait que certains aient été plus sensibles à noter des effets de manche dans la mise en scène de Welcome. Dans ce Je vais bien..., ils sont quand même assez nombreux et énormes pour que je devienne plus circonspect dorénavant à l'égard de la mise en scène de Lioret.

A noter l'apparition trop courte d'Aïssa Maïga, magnifique et très talentueuse comédienne.

mercredi 29 avril 2009

La grande sauterelle



1967

Cinéaste : Georges Lautner
Comédiens : Hardy Krüger - Maurice Biraud - Mireille Darc - Georges Géret - Venantino Venantini - Francis Blanche

Vu en dvd


Ça faisait belle lurette que je n'avais pas vu un film de Lautner. Et c'est à ma compagne que je dois cette redécouverte. Délicate attention de sa part, je te fais un smack baveux, mon amour.

Malheureusement, le plaisir n'est pas très intense. Je parle du film, pas du smack voyons! La grande sauterelle est un film charmant, mais plombé par un scénario trop frêle et une mise en scène et en image somme toute ordinaire malgré tous les efforts entrepris par Lautner pour donner à son film des airs de modernité et de jeunesse. Comme dans "Ne nous fâchons pas", mais sans la même réussite, Lautner saupoudre son récit de scènes musicales, pop-rock, présentant la jeunesse de l'époque dans ses flasques occupations, à fumer, danser, flirtouiller, boire, roupiller, bref les incontournables poncifs sur l'activité hippie, selon la vieille garde. Dans "Ne nous fâchons pas" la décoration sonore et visuelle donnait un décalage brillant et allumé, ici ça n'a pas du tout le même impact.

Peut-être parce que Mireille Darc se trouve entre deux mondes, celui des hippies et celui d'Audiard et Lautner. Je ne sais pas. C'est difficile d'analyser cela. D'autant que le personnage de la grande sauterelle n'est pas dénué de charme. Non, non, pas sexuel, ce n'est pas du tout mon type de femme. Ça me donne l'occasion d'évoquer une actrice sans faire appel à son appeal, sans laisser parler mes ébullitions internes. C'est plutôt ce secret mélange qu'elle distille doucement sur certains plans entre la femme assumée, libre, moderne, forte et belle et puis, celle qui arbore un joli sourire, des regards timides, ceux de la femme enfant, avec ses tâches de rousseur plein la frimousse, une femme fragile. Cette dualité est éminemment sympathique et l'on est comme déçu par le manque de passion qu'y met Krüger pour poser le genou devant cette jolie femme. Krüger est très bien en officier allemand, la mâchoire serrée et le regard glacé, mais en latin lover, il y a comme un défaut.

Son sourire est enfantin, manquant de virilité et de charisme. Il ne se fond pas facilement dans le décor de ce Baalbeck, dans ce Liban ensoleillé et aride, dans cette histoire d'amour balbutiante. Le duo Darc-Krüger ne fonctionne pas. Lautner s'échine à nous les présenter sous toutes les coutures, dans de jolies séquences, dans des cadrages recherchés, en vain car la magie n'opère pas sérieusement. De beaux paysages, de beaux plans, de beaux acteurs ne font pas un beau film. Point d'alchimie.

Quelques scènes font saliver mais ne vont pas jusqu'au bout. Celle de l'introduction par exemple, du Audiard tout craché, est une belle promesse. "Tu veux que j'te dise : t'es con, non, tiens même pas, t'es bête. Ça se trouve t'as pas de cerveau!" Ça croustille. Même dans la bouche de George Géret, avec son débit un peu traînard pour le texte d'Audiard. Mais sur la longueur, ça ne tient pas la route. On aurait pu par exemple imaginer bien plus excitant que ces quelques envolées lyriques, trop courtes, mal disposées dans le récit, de Francis Blanche en vieux négociant nostalgique. Envolées décevantes pour tout dire. La nostalgie chez Audiard, c'est quand même quelque chose de magique. Je repense aussitôt à la fièvre verbeuse de Guiomar dans L'incorrigible ou le regard perdu de Blier et Ventura dans la scène de la cuisine à l'évocation de l'Indochine.

Je ne néglige pas cependant le toujours agréable moment passé en compagnie des comédiens du cinéma français qui ont forgé ma cinéphagie juvénile : Georges Géret,

Maurice Biraud.

Finalement, cette grande sauterelle est un petit film, un peu plat, qui se laisse regarder sans grande palpitation, ni grand déplaisir.

lundi 27 avril 2009

Les monstres



1963

Titre original : I mostri
Titre francophone : Les Monstres
alias : Opiate '67

Cinéaste : Dino Risi
Comédiens : Michèle Mercier - Vittorio Gassman - Ugo Tognazzi - Lando Buzzanca - Rika Dialina - Marino Masé

Vu en dvd

Les monstres portent si bien leur titre, les deux comédiens portent littéralement tout le film sur les épaules. Par leur stature et leur capacité caméléone à incarner une fabuleuse galerie de connards, du machisme bête au cynisme méchant, Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi mènent leur entreprise à la perfection. Ils sont tout simplement bluffants d'aisance, irrésistibles. En dehors du dernier sketch, très noir, très amer, presque tragique (pourquoi presque?), les deux colosses font deux clowns d'une cruauté ahurissante.

Ils assistent ici un texte, un scénario, des dialogues d'une puissance hors du commun. L'humour y est très corrosif. La société humaine, et surtout mâle il faut bien le reconnaître, en prend pour son grade, rabaissée à ses plus vils penchants : égocentrisme, lâcheté, corruption, ineptie, bêtise. L'armée de scénaristes dans les rangs desquels on retrouve de sacrés loulous (permettez l'expression : Scola, Petri, Risi, Scarpelli, Maccari et Incrocci), les fines lames de la comédien italienne, s'en donne à cœur joie.

L'amalgame entre la jubilation des acteurs à cabotiner, à caricaturer, à caractériser à outrance ces vilains monstres et la liesse, l'empressement des scénaristes à mettre en bouche des dialogues savoureux et piquants, donne un portrait passionnant de la masculinité des années 60 d'abord mais sûrement universelle et intemporelle à y regarder de plus près, un grand bol d'air frais, un coup de poing magnifique, une satire sociale d'une rigueur extraordinaire, que dis-je, sire, une révolution!

Portrait moral ou tableau social, peu importe, ce film marque son époque et le cinéma, une telle maîtrise de l'écrit, du jeu des acteurs ne laisse pas de m'ébaubir, merde! Quelle hargne, quel enthousiasme, quelle beauté, quel comique, quelle portée! Stupéfiant! J'adule!

En plus, quel plaisir des yeux quand Michèle Mercier entre dans la danse:

Carnaval!:


dimanche 26 avril 2009

Vendetta romana



2007

Titre original : Cemento armato
Titre francophone : Vendetta romana
alias : Concrete Romance

Cinéaste : Marco Martani
Comédiens : Thamisanqa Molepo - Giorgio Faletti - Carolina Crescentini - Nicolas Vaporidis

Vu en dvd




A voudrait faire un nouveau giallo mais a pas arrivé. Ou alors dans la lignée des mauvais, de ces polars approximatifs dans le texte, qui privilégiaient l'expression de la violence et de la sexualité. Ce "Cemento Armato" (béton armé) oublie la sexualité et se concentre sur la violence. Le focus est trop puissant, le film en oublie le sens de la mesure et donc la crédibilité du propos. C'est beaucoup trop improbable pour foutre vraiment les jetons. Pour que le suspense et la tension se communiquent au spectateur, il est nécessaire que les personnages soit sympathiques d'abord, ce qui n'est absolument pas le cas. Du reste, pendant un long moment, les bad-guys paraissent plus sympathiques que le héros principal.

Tout ce qui lui arrive, il en est totalement responsable. Par bêtise. J'ai rarement vu un personnage aussi ras du bulbe. Une tête à claques. Quant au méchant, il est plus une caricature qu'autre chose, la caricature du chef de mafia, tout aussi imbécile d'ailleurs. Là encore, on ne voit pas comment l'organisation criminelle qu'il gère peut se créer ou même survivre longtemps tant ses actes et ses décisions sont imprégnés d'excès et de négligence. Tant d'incompétence en matière criminelle est d'ores et déjà rédhibitoire pour la véracité du récit. Désolé. Bon, on ne va pas gloser plus encore sur la crétinerie des personnages, ce film est un tissu de bourdes, de choix pas très subtils, de courtes vues, de stratagèmes à deux lires.

Bref, difficile d'attacher un regard un tant soit peu motivé devant un scénario aussi balourd et faiblard. Les dialogues sont d'un même pauvre niveau, au mieux ordinaire. Le scénariste, fan de Tarantino de manière trop ostentatoire, s'essaie, sans âme, sans raison ni finesse, à mettre des conversations pseudo-cools dans la bouche des personnages pour décorer, des réflexions décalées, maintenant usuelles, comme posées sur la cheminée, pour faire joli et intelligent. Loupé.

Heureusement, le film fait découvrir des comédiens intéressants, qui jouent plutôt bien de leur physique. Des gueules de l'emploi. Et puis qui jouent assez juste. La jolie Carolina Crescentini

et le glaçant Giorgio Faletti.

M'enfin c'est trop peu pour sauver le film.

Liliom



1930

Cinéaste : Frank Borzage
Comédiens : Charles Farrell - Rose Hobart - Estelle Taylor - Guinn 'Big Boy' Williams - Mildred Van Dorn

Vu en dvd




Deuxième Borzage et deuxième déception. Ce sont les risques du métier. A ne pas choisir les films, à se jeter tout de go, tout nu dans le vide du hasard, il arrive qu'on tombe sur le nez d'une mauvaise série.

Ce Liliom est un bien étrange objet. Le son vient de faire son apparition. Ou du moins a-on l'impression que les comédiens ne s'en sont pas encore totalement accommodés. J'ai rarement entendu parler aussi faux. Même Farrell, rôle principal, fait penser à un petit garçon qui récite son texte devant la maîtresse et les autres élèves. Mais le pire est dans l'élocution parfaitement factice de Mildred Van Dorn.

La mise en scène des comédiens est catastrophique. Il faut voir Farrell déambuler dans les ruelles les mains dans les poches, les coudes relevés, l'air d'un clown alors qu'il joue le fier-à-bras. Il faut voir les les gestes, les postures statiques pour comprendre l'espèce de pénibilité qui en rejaillit. Difficile de regarder sans sourire. De cette médiocrité, la petite Rose Hobart s'en sort plutôt bien que mal. Quelques phrases sonnent faux, on sent la lourdeur du dispositif scénique, on a dû lui dire de bien articuler et de forcer sur les articulations, mais de ci, de là, elle se laisse aller parfois à dire son texte de manière enfin naturelle.

Restent les jeux de regard où les acteurs parviennent à dire beaucoup avec un équilibre entre tempo et sens qui fait merveille. Je pense ici surtout à la scène du café quand Farrell et Hobart se mangent des yeux. Elle lui dit "je t'aime" avec uniquement la chaleur de son regard. C'est d'une beauté, mes aïeux! Petit instant de grâce dans un film de brute. Farrell joue bien le coup aussi. Il reste interdit en voyant dans son regard qu'il est en train de tomber amoureux. Scène somptueuse, magique, malheureusement, c'est bien la seule.

Mais à la décharge des acteurs, il faut constater qu'on a là un scénario particulièrement simplet. Entre mélo, film noir, fantastique et romantisme, le film navigue d'un genre à l'autre. Non sans heurt. L'histoire est abominablement quelconque, boursouflée de ses personnages et ses situations ordinaires, cent fois vus ou lus, où pathos et larmichettes à la guimauve se disputent la place avec force.

Heureusement l'esthétique du film m'a paru captivante, par sa naïveté et les contrastes entre les décors intérieurs plutôt austères et chiches et l'imaginative richesse des extérieurs. J'ose croire également que les créateurs ont pleinement assumé l'aspect carton-pâte de leurs décors que le tournage systématique en studio confère à tout le film. Cela donne à la mise en scène un habit charmant, assure une sorte de velouté à l'image que le dvd de la Fox met prodigieusement en lumière. Le travail d'édition est génial, d'une précision qui m'enchante. Vraiment dommage que le scénario ne me plaise pas, le dvd est incroyablement beau.

Mais décidément, je n'y arriverais jamais je le crains. Comment ne pas éclater de rire quand Hobart, mère, déclare à sa fille qu'être battue et rebattue par son grand amour d'homme ne fait pas mal, parce qu'on s'aime etc...? Je sais bien que c'est un discours symbolique, mais tout de même! Comment ne pas sourire, au moins, quand le personnage de Farrell, décédé, ayant obtenu une chance de se faire pardonner ses crimes en revenant sur terre faire une bonne action, rencontre sa fille qu'il n'a jamais vue et ne trouve rien de mieux que de lui mettre une beigne parce qu'elle refuse de le laisser entrer dans son jardin? Il y a des limites à la crédulité du spectateur, merde! J'ai du mal à croire que le public de 1930 était à ce point demeuré pour ne pas rire à ces incongruités scénaristiques.

Bon, Borzage, je réessaierai. Mais la prochaine fois, je dérogerai à mes promenades au clair du hasard et je choisirai en connaissance de cause un film plus maîtrisé. Finis les pique et pique et colegram am stram gram.

Un instrument de musique traditionnel hongrois? J'ai trouvé ses sonorités joliment utilisées lors de la fameuse scène du café.

vendredi 24 avril 2009

Young Man with a Horn



1950
alias : La femme aux chimères
alias : Jeune fou à la trompette

Cinéaste : Michael Curtiz
Comédiens : Doris Day - Lauren Bacall - Kirk Douglas - Hoagy Carmichael - Juano Hernandez - Louis Armstrong

Vu en dvd


L'affiche est appétissante, n'est-ce pas? La jeune Doris Day encore un peu gironde, la tout aussi jeune mais éternelle fine Lauren Bacall, le musculeux (j'attends avec impatience de voir un de ses films sans une scène topless) de Kirk Douglas, Carmichael toujours pianiste (il frappe le clavier dans le bar de Sam, in Casablanca) et puis surtout Maître Curtiz à la manœuvre.

Et pourtant au final, le film se révèle décevant. La première heure décrit la lente ascension sociale sans trop de heurts d'un jeune trompettiste de jazz. Puis la descente aux enfers commence enfin à donner un peu de jus, un goût de gibier en quelque sorte, avec des scènes saignantes, des crocs dans la chair, mais que ce fut long pour en arriver là. Ensuite, la fin un brin expédiée redonne au spectateur l'arrière-goût d'une petite désillusion. Tout ça pour ça... Parce qu'en somme, que nous a montré le film? Un enfant esseulé trouve dans la musique une raison de vivre. Adulte, il passe à côté de sa vie sentimentale. Autiste, il gâche en grand partie son existence. Il oublie son mentor, loupe le vrai amour de sa vie et épouse le mauvais parti. Un loser ou un crétin sans adolescence et qui fait ses conneries à trente ans bien tassés. Pathétique et pas très intéressant. Sans grandes aspérités, paradoxalement.

Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir une arme de prestation massive en la personne de cet hallucinant Kirk Douglas, capable de tout jouer avec un naturel sans faille. Il n'y a pas de mots je crois pour décrire la haute admiration que je lui voue, et ce de manière toujours croissante, au fur et à mesure que je découvre avec stupéfaction la richesse et la diversité des rôles qu'on lui a attribués, en même temps que la simplicité avec laquelle il les a endossés. "Hooo, il m'épate, il m'épate, il m'épate".

Il n'est pas besoin de voir ce film en particulier pour connaitre le doux cahot que provoquent la beauté froide et chaude, sucrée salée de Lauren Bacall, la profondeur de son regard, ce "look" si tendre et si braguette à la fois. Mais sur une scène, j'avoue que la finesse de son cou, la courbe de sa nuque dénudée m'ont saisi au col et baladé plusieurs secondes sur une planète inconnue. Quelle cambrure! Je suis sûr et certain que le collier n'a rien à voir avec ce soudain émoi. Non, il s'agit bien de son cou. Une envie folle d'y coller des smacks avaleurs m'a pris aux lèvres. Illico presto. Mamma mia!

Autres moments où l'on posera les yeux avec plaisir sur ce film : toutes les fois où Monsieur Curtiz (avec sa filmographie, on se doit de l'appeler Monsieur si Maître est déjà pris) s'est amusé à filmer ses ombres parlantes, ses jeux de miroir ou New-York et ses lumières de l'aube. Magnifique! Quelques plans ravissent l'œil de l'aficionado photographique.

Rien que pour ses trois cadors, le film vaut d'être vécu. Dommage que l'histoire ne soit pas à la hauteur.