samedi 18 avril 2009

Villa Amalia



2009

Cinéaste : Benoît Jacquot
Comédiens : Jean-Hugues Anglade - Isabelle Huppert - Xavier Beauvois - Maya Sansa - Peter Arens
Vu en salle

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Je suis dans le caca, dans la fange des indécis, des perplexes, des soumis au tango de l'incertitude, celle dans laquelle les baignent les films qu'ils ne savent pas décrire. Je suis infoutu de savoir ce que je ressens réellement après. Tout blanc. Je ne peux absolument pas dire que je n'ai pas aimé, ni que j'ai aimé ce film. C'est une situation embarrassante quand on a le culot imbécile de voulour coûte que coûte définir ses réactions, sensations, pensées, bref, l'impact que l'on subit sur tous les films. Avec cette villa amalia je suis vraiment dans la merde. Qu'est-ce que je pourrais retenir, qu'est-ce qui me restera plus tard quand je tâcherai de rassembler mes souvenirs?

Huppert. Oui. Sans aucun doute. Une Huppert qui vieillit bien. Avec des tâches sur les mains, des rides au visage, une vraie femme, une actrice pleinement consciente de son corps et de la réalité, pas une de ces fades personnalités prêtes à toutes les escroqueries et travestissements qui les transforment en travelos inexpressifs, à force de collagène et étirements inesthétiques. Bon, on ne va non plus réduire la présence de dame Huppert à son physique, à son courage féminin. Elle est également et même en premier lieu une actrice talentueuse (bonjour l'évidence), qui sait servir son rôle, lui donner à la fois une part de mystère et une puissance que la caméra de Jacquot apprivoise sagement. C'est plutôt bien joué et filmé. Il y a une réelle bonne entente entre le jeu de la comédienne et la courte distance que la caméra lui laisse. Beaucoup de gros plans scrutent le désarroi du personnage. Caméra et actrice vont bien ensemble.

D'un autre côté, j'avoue que j'ai eu énormément de mal, malgré tout ce que je viens de souligner, à me sentir pleinement atteint par le propos. Sur le papier, l'histoire d'une femme qui envoie balader tout le monde était pour le moins intrigante, même pourrait-on dire excitante. Or, j'ai été à deux yeux de m'emmerder par moments. J'ai été agressé avec force par la musique, ça c'est certain. Dans les aigus, dans la mélodie, dans l'éclat et la violence, je l'ai trouvée très vite irritante, insupportable. Mais ce n'est pas seulement à cette musique qu'échoit la responsabilité de ce demi ennui. Alors? Ben, peut-être que le rythme très lent et très bavard (je m'explique plus loin) est pour une très large part le plus responsable. Allons-y donc dans l'explication du rythme bavard : j'entendais par là que Jacquot insiste beaucoup trop dans la durée, comme dans l'insertion de scènes explicatives ou donnant des indices pouvant un peu expliquer les actes du personnage principal, son bouleversement. Ce n'est pas tant le fait qu'il cherche à nous renseigner, mais plutôt celui qu'il cherche à le faire en faisant trop durer ces plans. M'enfin, il aurait pu sans doute sans nous laisser l'ignorance, laisser un peu une part de non résolution.

Ajoutons à cela des plans sur les décors ou picturaux, très jolis. Ou pour être plus exact, qui auraient dû être très jolis mais sont chiés par une photographie mollasse, floue dans le mouvement. Par exemple, ce plan panoramique de la cité italienne n'a sans doute pas d'autre sens que de montrer que la beauté de l'endroit est une des raisons qui expliquent l'arrêt de la pérégrination, c'est ici qu'elle s'installe, car c'est beau, paisible, l'endroit idéal pour se reconsolider, pour refaire sa vie. Ok, mais à quoi bon, si le mouvement rend le village flou? C'est le personnage qui voit flou? Alors comment peut-elle s'énamourer de l'endroit? Et puis à la fin du film, le trouble du personnage est de beaucoup apaisé et le flou de la caméra ne se justifie plus.

Sinon, que dire de plus? Jean-Huges Anglade a un rôle qui ne me plaît pas. J'aime par ailleurs beaucoup ce comédien. Cependant il m'apparait ici de manière très factice. Je n'y crois pas une seconde. On dirait bien plutôt qu'il joue le rôle d'outil scénaristique, de personnage miroir qui permet de verbaliser un peu le désarroi d'Huppert. C'est un personnage un peu trop commode, qui manque de finesse, presque en décor, en carton-pâte, sur lequel Huppert se repose trop souvent.

Ah j'allais omettre un comédien qui sur une scène m'a scié le popotin. C'est Peter Arens, au moment où Huppert dans l'ascenseur lui caresse la joue, qui a alors une expression ahurie, le visage scotché, qui louche du côté de l'enfance. Scène saisissante, très belle. Je ne connaissais pas le bonhomme. Pour le coup, c'est moi qui suis scié et scotché.

Dans l'ensemble, je trouve quelques attraits au film qui n'empêchent pas quelques malaises parallèles laisser leurs empreintes. Un terme comme "moyen" semble ici parfaitement convenir.

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