mardi 28 juin 2011

Le couvent de la bête sacrée



1974

Alias: Seijû gakuen
Alias: Le couvent de la bête sacrée
Alias: School of the Holy Beast


Cinéaste :Noribumi Suzuki
Comédiens
:Yumi Takigawa -Ryouko Ima -Yayoi Watanabe -Emiko Yamauchi

Notice Imdb

Vu en dvd






Hé hé, petit ouvrage à la férocité anti-chrétienne farouche et savoureuse à la fois.
Cela donne un objet très étonnant, esthétisant la violence avec une outrance qui permet de mieux accepter ce postulat invraisemblable. Le cinéaste Noribumi Suzuki prend grand soin d'offrir des cadrages pensés, très beaux. La photographie est délicieuse, très colorée parfois et souvent joue merveilleusement des ombres et lumières.
Le film avançant souvent vers des contrées mélodramatiques, l'usage de couleurs très vives, bleutées m'ont fait penser à la colorisation de Russell Metty. Carrément. Ouin, la comparaison est osée. Je suis un fou! Sérieux, c'est vraiment de la très belle ouvrage, très agréable à l'œil.

Les scènes érotiques sont très souvent jumelées à la violence puisque les rapports humains sont la plupart orientés sado-masochistes. Dès lors, j'ai été étonné par la beauté visuelle qu'il s'en dégage néanmoins. Cadrages audacieux, décors, ralentis, zoom, hémoglobine, montage dynamique mais souple, sont les éléments largement utilisés qui donnent à ces séquences ce style remarquable, plutôt kitsch, ce qui facilite peut-être d'autant plus l'espèce de distanciation qui se développe face à la violence.



On est frappé dès l'abord par une entrée en matière très éloignée du cadre monacal exploité plus tard dans le film. On découvre en effet Yumi Takigawa
en train de faire du lèche vitrine dans l'agitation des rues et des magasins d'une grande ville, puis elle rencontre son copain à moto. Bref, une présentation très moderne en parfait décalage avec la suite.
D'autant plus que la musique fait penser aux films français policier des années 70. D'ailleurs des plans sur les affiches de films français corroborent le désir de filiation. Suzuki veut-il nous fourvoyer sur une fausse piste tout en rendant hommage au cinéma européen? Fort possible.
La mise en scène se révèle alerte ; elle demeurera ouverte et variée, une force de propositions qui tout le long du film continuera de surprendre, ce qui ne manque pas d'être agréable à suivre car le style et le rythme imprimés forment un liant sûr à l'ensemble.
Maya (Takigawa pour son premier film)
veut connaitre les circonstances exactes de la mort de sa mère et l'identité de son père dans une abbaye chrétienne. Elle part donc enquêter. On entre donc là dans l'univers finalement carcéral de cette communauté de femmes où la discipline morale se nourrit d'une violence sans retenue et surtout d'une hypocrisie pleine de frustrations. Le film se pare parfois des atours du WIP : scène de douche, cat-fight, relations hiérarchiques sado-masochistes, recherche de taupe, trahison, rebondissements, saphisme, etc.

Pour aérer son film, Suzuki insère une ou deux scènes plus ou moins comiques. Ce n'est pas trop son fort. M'enfin... question de goût sans doute. La première joue de l'hypocrisie morale face à la sexualité. On y voit une vice-abbesse vicieuse qui découvre des images pornographiques, dans un premier temps avec horreur, mais dans un second temps, celle-ci pratique un onanisme gaillard, faisant vœu au pieu de chatteté (mouais, je sais, je suis fatigué). La seconde séquence est plus burlesque et paillarde. Deux hommes s'introduisent d'abord dans l'abbaye puis dans la vice-abbesse.
Ce qui m'a le plus plu, c'est certainement la virulence du propos anti-chrétien. Je concède que cela puisse choquer, que Suzuki n'y aille pas avec le dos de la cuillère, faisant pisser une moniale sur le christ,
une autre pulvérisant la statuette à coups de marteau vengeur,
évoquant de façon nietzschéenne en quelque sorte, l'inexistence du Dieu chrétien par le biais d'Hiroshima, Nagasaki
et même Auschwitz et surtout en faisant la démonstration provocatrice de l'impossibilité pour les hommes et femmes de nier leur sexualité, incapacité qui débouche cruellement toujours par la souffrance, la honte, la culpabilité, l'hypocrisie ou la folie. C'est gros, schématique, certes, mais le trait porte. Il est vrai que Suzuki prêche un converti. J'imagine que ça ne peut pas fonctionner sur tous les publics.
Un mot avant de partir : Yumi Takigawa et son visage d'ange, ses petits seins, ses yeux ronds dont on devine très bien la détermination, est dotée d'un physique ravissant mais surtout dégage quelque chose de troublant. Ça serait-y pas la définition du charme, ça, hm?
Un bon film.



Trombi:
Ryouko Ima:

Fumio Watanabe:

Yayoi Watanabe:

Yôko Mihara:

Hayato Tani:

mercredi 22 juin 2011

All about Eve



1950
Alias: Ève


Cinéaste :Joseph L. Mankiewicz
Comédiens
: Hugh Marlowe -Anne Baxter -Bette Davis -George Sanders

Notice Imdb
Vu en Blu-Ray



Pas bien difficile de tomber en pâmoison devant le travail d'orfèvre que constitue l'écriture de Mankiewicz sur ce film. Un petit bijou. Une précision et une acuité d'une redoutable efficacité. Imparable. Oscar amplement mérité, c'est assez rare pour le signaler.
Cette histoire, vieille comme le monde, éternelle comme la fin nous le montre, mouvement perpétuel, porte un regard sinistre sur la nature humaine. D'aucuns diront cynique mais je n'en suis pas si sûr, je soupçonne Mankiewicz d'avoir concocté cette histoire à des fins divertissantes avant tout et non morales. Il privilégie l'humour des situations et bien entendu dans les dialogues. Il y a un côté spectaculaire. Eve est diaboliquement spectaculaire, de cynisme (pour le coup, on ne peut lui retirer cette faiblesse), d'égocentrisme et surtout de perversité.
A-t-on vu personnage plus laid, plus immonde, plus crapule? On ne tarde pas à rencontrer pire mais Eve est noire, totalement noire. Seul donc, DeWitt (George Sanders, grandiose)
parvient à terrasser cet animal d'égoïsme en faisant preuve d'autant d'intelligence que de saloperie. Eve est dégueulasse mais pas aussi futée. Elle a encore beaucoup à apprendre dans sa félonie. Certes, le regard moral de Mankiewicz existe, Eve est un archétype, avec par conséquent des traits grossissants. Le discours de DeWitt, lorsqu'il mate définitivement Eve met à nu les ambitions, l'avidité de ces personnages et surtout l'absence d'amour, deux solitudes qui doivent s'entendre, en dehors du monde, celui des autres.
Cependant, malgré tout, la vedette, la lumière du film demeure Margo (Bette Davis), la star vieillissante et sa difficulté à accepter son âge. La trouille amoureuse d'être délaissée par son homme est l'autre grand thème du film, histoire parallèle à la trahison et l'arrivisme d'Eve. Le film montre bien l'étrange conflit qui se trame dans la tête de Margo alors que son histoire d'amour avec Bill (Gary Merrill)
doit prendre une autre tournure. L'insécurité affective dans laquelle son avenir semble la pousser engage un combat perdu d'avance et rend dans un premier temps l'épreuve "Eve" insurmontable mais le personnage de Margo est d'une telle richesse qu'elle ne se contente pas d'être une petite fille fragile, sa féminité est achevée. Elle lui procure les ressources nécessaires non seulement pour assener quelques répliques bien senties et admirablement décochées par une immense Bette Davis mais aussi pour asseoir toute sa puissance et une certaine forme de sagesse finalement.

Le quatuor formé de Bette Davis, Gary Merrill, Celeste Holm et Hugh Marlowe finit le film plus fort, me semble-t-il, plus détaché des basses manœuvres et les mesquineries que le monde du théâtre ne manque pas de recéler.
Car Mankiewicz sait mieux que personne combien l'univers du théâtre peut se révéler un parfait miroir de l'humanité, dans toute sa splendeur, comme sa médiocrité la plus absolue.
Pfff, j'ai beau me relire, je n'arrive pas à trouver à mon texte quelque chose de très pertinent. Peu intéressant. Vous savez, quand on a l'impression d'enfoncer des portes ouvertes. Ce film me parait bien plus riche que je ne le puis exprimer. Je ne parviens qu'à l'apprécier sans trop savoir bien appréhender toutes ses facettes. La beauté des relations entre les deux couples, les trahisons pour le bien, celles pour le mal... cette profondeur de vue entre le bien et le mal, et le rapport chrétien à ces notions, la culpabilité, la peur, la gloire, les apparences, l'expression des sentiments, la confiance, tout cela est dans "All about Eve" et je ne suis pas foutu d'en élaborer quelque chose de formellement construit... fatigue? Certainement. Mais pas seulement. Sûrement que la richesse de ce chef d'œuvre me dépasse, voilà tout. Que je me sens petit! J'en parlerai mieux une autre fois.
L'ambition d'écrire, quoiqu'il arrive, sur tous les films que je vois, provoque parfois des désagréments de ce genre. Désolé.

Trombi:
Anne Baxter:

Celeste Holm et Hugh Marlowe:

Gregory Ratoff:

Barbara Bates:

Marilyn Monroe:

Thelma Ritter: