dimanche 24 novembre 2013

L'amant de Bornéo



1981

Alias: L'amant de Bornéo
Diffusé dans l'émission télévisée : Au théâtre ce soir

AuteurRoger Ferdinand
Metteur en scèneMichel Roux
Comédiens: Michel Roux - Claire Maurier - Laurence Badie

Vu en dvd



Après avoir chroniqué "Potiche", il y a quelques temps et y avoir vanté le petit bonheur d'antan qu' ont pu représenter certaines soirées télé de mon enfance devant "Au théâtre ce soir", je m'étais promis d'essayer des revoyures tant que faire se peut. L'amant de Bornéo étant disponible à la médiathèque du coin, je tente  le coup.

J'y suis d'autant plus enclin que Michel Roux figure à l'affiche de cette pièce, que j'aime particulièrement cet acteur. Je crois bien qu'à l'image de Jacqueline Maillan, il figure parmi ceux qui ont le plus marqué mon enfance. Une voix à nulle autre pareille, qui sera d'ailleurs abondamment usitée pour les doublages. Mais pas uniquement. Le bonhomme est tout simplement un bon comédien. Pus je le revois, plus je le ré-entends et plus cela apparaît évident. Certes, il lui arrive de cabotiner par moments, il use de quelques grosses ficelles de jeu pour faire rire, mais la plupart du temps, il sonne juste et fort. Surtout il va toujours droit au but. Rigoureux et efficace, son tempo comique fonctionne à merveille. Précis. Ya de la caisse chez ce gars-là!

Dans mes souvenirs brumeux, je crois me rappeler avoir vu une pièce de théâtre avec Olivier Lejeune. Quand j'étais enfant, je regardais "La classe" une émission d'humour du temps où France 3 s’appelait encore FR3. Je me souviens à quel point Lejeune pouvait être mauvais parfois, de faux dans le jeu. Et c'en était souvent irritant. Une tête à claque et une voix à étranglement. Et je savais que je l'avais vu dans un "Au théâtre ce soir". Et c'était celui-ci, je ne m'en suis rendu compte qu'au cours du second acte.

Les très beaux et pompeux décors de Roger Harth m'ont bien aidé à retrouver la mémoire. Quand je dis "beaux", le terme est peut-être pas très bien choisi. "Impressionnants" serait plus adéquat. Ils sont impressionnants par leur mauvais goût, la charge kitchissime qu'ils nous imposent et qui renforcent à la fois le ridicule de la situation, donc le rire, et en même temps, ce petit goût de vieillerie. Revoir ce spectacle daté convoque chez moi des images jaunies et ce décor censé être représentatif de la première moitié du XXe siècle (années 20 ou 30?) démultiplie l'effet nostalgique, désuet, un peu factice aussi. Ce n'est pas pour me déplaire au fond.

Autre sujet de satisfaction : la présence de Claire Maurier dont j'avais déjà évoqué le plaisir à la voir jouer notamment dans "La cuisine au beurre".

La distribution laisse une bonne petite place à Laurence Badie,
une comédienne très particulière dans le théâtre et le ciné français, souvent sous-utilisée et qui, à défaut d'un physique avantageux, a une voix très haut perchée, étrange, qui en a fait sa marque de fabrique, son succès. Aimée du public, elle a su développer une véritable complicité avec celui-ci. Jean-Pierre Delage est un comédien que je ne connaissais pas et qui m'a fait une assez haute impression. Ses dialogues avec Michel Roux montrent que les deux comédiens savent manier la langue française avec un vrai talent.

Parce que le texte de Roger Ferdinand, s'il n'est pas très drôle, s'il ne brille guère par les bons mots ou les répliques saillantes, il a le généreux mérite d'être bâti sur une belle langue quelques fois. C'est un français classique, et parfois percutant, toujours musical, agréable à être entendu.

Voilà pour ce qui fait plaisir, passons au fâcheux.

D'abord, cette histoire ne se déroule que sur une seule idée, une seule situation étirée à l'envi : un homme épris d'une vedette de théâtre s'invente une vie d'explorateur pour charmer la dame. Le rire y est donc uniquement fondé sur l'humour de cette situation.

La pièce en trois actes est assez longue. Le premier acte est un peu chiant même. L'installation des personnages et des enjeux prend un temps fou. Un manque de rythme d'entrée préjudiciable à mon sens et qui pourrait en rebuter plus d'un. On sent bien, trop bien que la pièce monte en puissance, mais cela se produit au détriment de l'équilibre général. Elle apparaît bancale avec un premier acte endormi, un réveil sur le deuxième et un troisième pétaradant.

Si les dialogues sont bien écrits, élégants, ils ne sont pas drôles, comme je le disais plus haut. Ils ne titillent pas les zygomatiques à quelques exceptions près. Encore une fois, seule la situation peut engendrer un certain comique. Cet humour monolithique semble très passé, pour ne pas dire archaïque, et je crains fort qu'il ne puisse toucher un large public de nos jours. Assis sur une complicité entre le public et les acteurs, un fossé ne peut que se creuser entre ces "vedettes" du boulevard d'antan et les téléspectateurs d'aujourd'hui.

Il faut donc absolument avoir pour les comédiens une sorte d'affection et pour cette époque une attirance nostalgique afin de pouvoir faire naître la bonne dose d'indulgence qui nous fera aller jusqu'au bout. Il y a également un regard un brin ambigu sur les colonies, avec un petit parfum raciste qui peut faire tiquer. Je le crains. C'est sans doute là l'une des limites de ce théâtre télévisé des années 70-80. Il lui faut des comédiens d'envergure, qui peuvent parvenir à transcender un texte trop court, à s'emparer d'une histoire ordinaire ou faiblarde pour se mettre le public dans la poche. Indéniablement, cette pièce-là, sans Michel Roux, serait dépourvu d'intérêt.

Reste du trombi:
Robert Party:

Bernard Charlan:

Guillaume Corea:

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