mardi 27 octobre 2015

Le voyage de Chihiro



2001

Titre original: Sen to Chihiro no Kamikakushi
Titre francophone : Le voyage de Chihiro
Titre anglophone: Spirited Away

Cinéaste: Hayao Miyazaki

Notice SC
Notice IMdb

Vu en dvd

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C'est en années qu'il faut compter le temps qui a passé sans que je revois ce film. Jusqu'à en oublier l'essentiel, les grandes lignes de l'histoire.

Je ne me rappelais que de cette formidable aptitude du dessin animé à développer dans les petits détails la finesse, la subtilité et la poésie du monde dans lequel on vit, mais également celui de l'imaginaire, les deux se nourrissant l'un de l'autre. Ce "voyage", terme tellement en adéquation avec l'expérience que représente son visionnage, m'était donc une nouvelle fois accessible avec ces sentiments d'émerveillement qui se répètent presque sans cesse pendant un peu plus de deux heures.

Ce qui est incroyable, c'est que la magie du cinéma opère non pas sur la netteté chirurgicale du trait, la brillance des couleurs, ni la fluidité de l'animation, mais bel et bien de l'invention ou de l'attention portée aux menus détails qui font la différence avec un autre banal dessin animé. Avec des petits riens, avec surtout une délicatesse dans le regard posé sur le dessin, les personnages, les décors, Hayao Miyazaki parvient à toucher. On redevient enfant devant ce film, on se souvient de l'éblouissement et la surprise qu'on ressent petit devant le ciel constellé de feux d'artifice au 14 juillet. Oh, la belle bleue ! Oh, le beau reflet dans l'eau de cette mer! Oh, le beau mouvement du vent sur ce lac d'épis ! Des petites choses toutes bêtes, toutes simples en apparence, et pourtant ! Que de soins apportés à l'élaboration de ce dessin, finalement très riche, tellement foisonnant qu'on peut le voir et le revoir et y découvrir d'autres éléments qui nous avaient échappé auparavant.

Au delà de ce formalisme naturaliste et réaliste, le film est une belle parabole sur l'enfance, le passage difficile de l'adolescence quand on est bouleversé dans nos confortables habitudes enfantines, si rassurantes.

Ici, Shihiro déménage : adieu passé, adieu enfance, école, amis et déjà les parents n'écoutent plus l'alarme, ni la peur de l'enfant, ils se transforment, en gros cochons affamés de satisfaire leurs propres envies. Sentiment d'abandon, la vie coule, on la perd, l'angoisse est là, pesante, trop envahissante. La petite Chihiro entame son initiation. Elle découvre l'amour, la dureté de la vie, du travail, que rien ne s'obtient sans effort, sans en payer le prix, que le monde n'est pas toujours soit noir, soit blanc, qu'il est fait de bien des nuances. Oui, le monde se complique à l'adolescence, mais ce n'en est pas la fin pour autant, bien au contraire, l'horizon défile et découvre de nouveaux espaces.

C'est un peu tout ça qu'on peut lire dans "Le voyage de Chihiro" et sans doute encore bien d'autres choses, que je n'aurais pas perçu aujourd'hui, mais qui sait, une prochaine fois?
  

dimanche 18 octobre 2015

La belle américaine



1961

Cinéastes: Robert Dhéry - Pierre Tchernia
Comédiens: Robert Dhéry - Colette Brosset - Michel Serrault - Jean Lefebvre - Louis de Funès

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Pendant longtemps, j'avais pour ce film un regard un peu dédaigneux, pour les films de Robert Dhéry en général. Mais celui-ci en particulier. Je le revoyais quelquefois pour Louis de Funès, même s'il a un double rôle assez bref en fin de compte. J'avais donc la galette, oubliée dans la poussière de la dvdthèque. Je souffle dessus pour le faire découvrir au petit qui veut voir tous les de Funès (je lui aurais au moins transmis ça!).

J'avoue que j'ai bien aimé le revoir malgré l'épouvantable compression du DVD et l'encore plus ignoble colorisation.

Oui, j'ai bien aimé revoir cet incroyable florilège de comédiens qui décore le film. C'est manifestement tous les copains de la "bande à Dhéry" qui sont venus montrer leurs trognes. La participation est massive, impressionnante. Ils sont très nombreux et clairement heureux de faire les clowns pour ce joyeux film, très léger, tellement à l'opposé de la violence de notre époque.

Le contraste est ahurissant : l'humour et la société de cette période n'ont pas grand chose de commun avec ceux de nos jours. C'est fou ce fossé en à peine quelques dizaines d'années! L'humour de Dhéry n'est pas méchant (ou très peu), presque enfantin. Les personnages sont humbles, heureux, sans grand souci. Et le film montre très bien ce que pouvait être l'univers mental d'une France populaire, de la classe laborieuse non dangereuse, innocente en somme, celle qui s'estimait heureuse de son sort, l'acceptait sans révolte et s'amusait du peu qu'elle avait.

La société de consommation n'avait pas encore aiguisé son appétit au point d'envier l'autre, de nourrir cette aigreur qui en amène certains jusqu'à des degrés de violence qu'on connaît aujourd'hui. Ici, ils sont encore émerveillés par le progrès technologique, mais sont encore imprégnés de la culture de la simplicité, de la démerde, beaucoup moins matérialiste de l'avant-guerre. Je peux comprendre que ce genre de film soit passé de mode, et même ait déjà en 1961 suscité une sorte de mépris. Plus de 15 ans sont passés depuis la guerre et ce que l'on nous montre n'est pas loin de dater déjà. Dans sept ans éclatera mai 68. Qu'on en est loin quand on regarde ce film jamais subversif, revendiquant absolument rien.

On regarde ensemble, tous hilares, Fernand Raynaud sur le poste téléviseur au café du coin. On a tous les yeux ronds devant une Cadillac dont les vitres électriques se baissent toutes seules. Oh, y a même la radio! On se fait virer, mais le monde ne s'écroule pas pour autant, parce qu'on trouvera bien un autre job. Bref, le film respire l'insouciance d'une société en pleine croissance née du fracas et des privations de la seconde guerre mondiale. Le confort se conjugue au pluriel.

L'instinct communautaire de ces gens-là est omniprésent. La voiture s'essaie à plusieurs, le plaisir et le bonheur se partagent. Tout le monde se soutient, s'entraide. L'humour y est donc bon enfant, gentillet. Il fonctionne encore un peu, justement parce qu'il paraît exotique de nos jours, comme une curiosité, pas forcément comme un monument historique qu'on visite poliment, mais bien comme quelque chose de si différent par rapport à ce que l'on fait aujourd'hui qu'il apparaît étonnant.

Oui, surprenant de fraîcheur, presque neuf. Jubilation, simplicité, solidarité. Et je me surprends moi même à aimer ce rythme délicat, ces petits gags gentils, qui font sourire encore, on ne sait trop comment. Ou alors j'étais particulièrement de bonne humeur pour ce visionnage? Non, sérieusement, je n'ai pas envie de continuer à marquer ce dédain. Le temps a passé, le film a pris des rides qui me plaisent bien, c'est tout.

Trombi:
Robert Dhéry:

Louis de Funès:

Alfred Adam:

Colette Brosset:

Pierre Dac:

Eliane D'Almeida:

Bernard Dhéran:

Bernard Lavalette:

Jean Lefebvre:

Christian Marin:

Jean Richard:

Dominique Maurin et Jacques Legras:

Pierre Tchernia:

Roger Pierre;

Jean-Marc Thibault:

Michel Modo:

Claude Piéplu:

Jacques Fabbri:

Catherine Sola:

Guy Grosso:

Michel Serrault:

Dominique Maurin et Robert Rollis:

Jacques Charrier:

Hélène Dieudonné:

Gilberte Géniat:

Nono Zammit:

Jacques Balutin et Robert Destain:

Christian Duvaleix:

Annie Ducaux:

René Sarvil:

Jean Carmet:

Maurice Gardett: (droite, right)

Gérard Hernandez:

Robert Seller:

Robert Burnier:

Bruno Balp: