mardi 1 mars 2016

Carol



2015

Cinéaste: Todd Haynes
Comédiens: Cate Blanchett - Rooney Mara

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle

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Film en deux temps, deux moments. La première heure m'a paru durer une éternité. Todd Haynes prend son temps à présenter ses personnages après un flash-forward initial, à les relier, tout doucement. Ils passent même un temps fou à se renifler. C'est un parti pris que je peux comprendre. Mais ça m'a saoulé. 
Les deux femmes, une fois parties sur la route, ont continué leur valse hésitation, cela devient très irritant. J'entends bien que pour faire un film réaliste Haynes ait voulu retracer cette longue parade amoureuse étant donné l'idée que l'on se faire de l'homosexualité féminine dans l'Amérique des années 50. On imagine bien que s'engager dans une telle relation avec une jeune femme pour une femme mariée représentait une aventure peu évidente à embrasser de front. Et par conséquent, cela devait constituer une source incroyable de questionnements, de réflexions, de temps préalable qui justifient cette attente. Logiquement, imparable. 
Reste que Todd Haynes ne réussit pas à décrire cela à l'image sans me faire bailler. Fort heureusement, cela valait la peine d'attendre que ces dames sautent le pas et osent enfin passer la seconde. La deuxième heure est formidable ! 

Plaçant le film sur une toute autre échelle, un autre niveau que la simple histoire de cul, cette partie met en perspective l'histoire particulière pour l'associer à divers thèmes universels majeurs et intemporels : l'homophobie, l'amour, les souffrances de la séparation, la bêtise, la peur, etc. On dépasse en effet très vite l'élément principal de départ, à savoir les affres de l'homosexualité dans une société homophobe (surtout celle des femmes, plus compliquée à vivre car considérées comme dévolues aux désirs des hommes).
La difficile séparation de Carol (Cate Blanchett) avec son mari, leur bataille pour la garde de leur fille, en parallèle à l'idylle naissante fait glisser le film vers une démonstration très émouvante des trésors de cruauté qu'un couple peut s'infliger sous prétexte d'amour (en fait pour des raisons de possessivité excessive). 
La séquence de Cate Blanchett à la réunion de négociation avec les avocats restera selon moi comme une très grande scène. La comédienne est d'une justesse incroyable! L'émotion est très forte. 
À ce propos, je m'étonne que Rooney Mara ait obtenu la palme d'interprétation à Cannes. Certes, la petite jeune est très bien, convaincante, mais son personnage est d'abord moins difficile à incarner, et surtout Cate Blanchett est tellement plus forte, creusant profondément, jouant si subtilement dans les menus détails. C'est tellement évident pour moi que je ne comprends pas ce résultat de palmarès. 
Dans la séquence qui clôt le film, au restaurant (autre très grand moment de cinéma), par son seul jeu de regard et de sourire, Cate Blanchett nous met au tapis. Ippon direct ! La mise en scène de Todd Haynes m'aura cueilli à deux ou trois reprises, alors que dans l'ensemble je l'ai trouvée sobre, sans éclat particulier, efficace sans tapage, je n'irais pas dire conventionnelle mais correcte. 

Je n'ai pas été charmé par le travail de la photo : le grain de l'image était très "poudreux" sur certains plans. Je ne sais si c'est dû au procédé technique de projection de la salle ou à celui de la caméra, mais l'image n'était pas super nette. Ce petit désappointement visuel n'altère en rien le plaisir émotionnel suscité par le film.

À la sortie, j'ai oublié l'ennui de la première heure, je me suis laissé emporter par la fièvre et la chaleur de la dernière scène.

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