jeudi 1 septembre 2016

Témoin à charge



1957

Titre original: Witness for the prosecution
Titre francophone: Témoin à charge

Cinéaste: Billy Wilder
Comédiens: Tyrone Power - Charles Laughton - Marlene Dietrich

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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La rencontre entre Agatha Christie et Billy Wilder se devait d’être fatale. Il fallait que ces deux-là se rejoignent un jour ou l’autre.

Le lien se fait naturellement par l’humour d’abord. Bien que l’intrigue soit des plus sérieuses, l’humour tient un rôle sans doute essentiel pour éviter une gravité excessive qui aurait ôter au film cette légèreté qui donne une cohésion à l’ensemble et rend le visionnage fort agréable.

L’histoire est astucieuse, évidemment. C’est là le fondement du succès des romans d’Agatha Christie. Une bonne idée dont elle fait une broderie, dépeignant une Grande Bretagne d’antan, avec des personnages pittoresques et des mentalités finement analysées, un humour pince-sans-rire, moqueur et affectueux, voilà les ingrédients qu’on retrouve d’oeuvre en oeuvre christienne.

Billy Wilder a lui aussi un regard caressant sur ses personnages, mais sait également mordre quand il le faut, avec cette petite dose de cynisme qui lui permet de ne pas sombrer dans la naïveté la plus ennuyeuse. Wilder sait très bien mettre en image tous ces éléments sans fioriture, avec l’élégance et la sobriété qu’on lui connaît. Peu d’effets de caméra grandioses. Il va à l’essentiel, sert admirablement ses comédiens.

Il fait partie de ces cinéastes qui aiment le jeu et savent mettre en valeur les grands interprètes. Ici, il est servi! Entre Charles Laughton et Marlene Dietrich, il possède deux acteurs d’incarnation massive.

Charles Laughton
est un acteur miraculeux, un enfant par excellence. Il joue. Littéralement. Il cabotine. En clown génial. L’aspect ludique de la profession n’a jamais été aussi bien illustré : ses œillades, ses mimiques sont autant d’espiègleries qui haussent sa performance vers les sommets. Jubilatoire, elle se savoure tout le long du film. J’adore ce grand bonhomme.

Son duo avec Elsa Lanchester est d’abord une malicieuse confrontation avec sa femme à la ville. La complicité entre ces deux-là est éclatante et sert de moteur au film qui commence donc sur les chapeaux de roues. Ensuite, le “renard” entre en jeu dans l’arène judiciaire. Et là, l’acteur shakespearien entre en scène. La caméra gourmande de Wilder n’en laisse échapper aucune goutte. Jusqu’à la dernière, on lappe le grand Charles Laughton dans son numéro de funambule, jamais ne tombant dans le ridicule, toujours juste, précis et d’une efficacité redoutable.

Face à lui, c’est bien davantage Marlene Dietrich,
à mon sens, qui sait lui tenir la dragée haute Elle aussi parvient à tirer son épingle du jeu (maître mot sur ce film) en incarnant quelque chose de surnaturel. La classe, la puissance, l’élégance. Au delà de son jeu, de sa technique, un charme fou irradie. Je n’ai pas les moyens d’expliquer cela. Elle inspire un très grand respect, sans question, D’évidence.

Étrangement, Tyrone Power
 ne frappe pas les esprits dans ce film. Attention, il est relativement bon. Son personnage connaît des hauts et des bas (c’est le moins que l’on puisse dire) qui sont bien périlleux pour le comédien, mais sa prestation n’égale pourtant pas celles de ses camarades. Là non plus, je ne saurais dire pourquoi j’éprouve ces réticences à son égard. Mon enthousiasme est mesuré, alors que les deux autres explosent tout. Son personnage est un peu falot, un chouïa plat peut-être. Cela pourrait expliquer le manque d’émotion et d’empathie suscité.

Malgré une fin regrettable pour ses outrances et cette obligation morale à deux centimes, je suis une nouvelle fois ravi d’avoir passé cette soirée en compagnie d’Agatha, Billy, Charles et Marlène. Merci tout le monde.

Trombi:
John Williams:

Elsa Lanchester(droite, right):

Ian Wolfe et Henry Daniell:

Torin Thatcher:

Norma Varden:

Ruta Lee:

Francis Compton:

Philip Tonge (gauche, left)

Una O'Connor:

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